Tog Gun is back…

Enième rediffusion hier soir du nanar du siècle, Top Gun, le film qui fit décoller (au 1er et au 2nd degré) Tom Cruise… Devant l’engouement d’une grande partie de mes amis masculins – qui semble considérer ce film comme « film culte devant l’Eternel », et surtout face à l’incompréhension de cet engouement, je me suis laissée tenter par la rediffusion. J’ai regardé ce chef d’œuvre du cinéma jusqu’au bout… et j’ai bien rigolé ! Non seulement, ce film est dégoulinant de testostérone (amis masculins, seriez-vous en recherche de virilité ?), mais il est navrant d’un bout à l’autre…

Les acteurs y sont musclés, sentent l’after-shave de base et la sueur des vestiaires de foot, font la promo des Ray-Ban aviator et font preuve d’une délicatesse et d’un sens du dialogue fleuri inouïs :

Extrait
« Goose -Dis donc Slider, tu voulais pas devenir pilote, toi ?

Slider
-Goose, tu sais que t’es le roi des cons. Tu as brouté quelques fions pour t’intégrer.

Goose -Oh ben la liste est longue, mais c’est du distingué.
Slider
-Oui ma bite aussi, coco. »



Piloter des avions semble n’être chez ses pilotes qu’une prolongation de leurs petitesse sexuelle…

Extrait
« Wolfman -Hollywood, tu les as ?
Hollywood -Pas encore en visuel.
Wolfman
-Ils doivent être
tout près, je bande déjà. »
 

Une vie passionnante ! Piloter des avions, boire des bières et draguer (et plus si affinités). La vision des femmes y est bien évidemment cauchemardesque :

1- La femme de Goose (formidablement interprétée par Meg Ryan dont Sean Connery dira : « elle a la capacité de sublimer les rôles les plus insignifiants ») : écervelée entre deux âges en mini-jupe chatoyante, larmoyante au possible mais ô combien forte lors du décès de son pilote de mari…



2- La femme du commandant Viper : bobonne à la maison, prête à traquer la moindre poussière et moucher l’enfant morveux qui traîne dans les parages

3- Charlie : la blondasse qui a un cerveau, un vrai mais à demi-alimenté quand même… Masculine sur les bords pour mieux cacher un romantisme latent, prête à s’enflammer pour l’officier qui aura la plus grosse cylindrée…



Pour l’anecdote : dans la première mouture du scénario, le personnage de Charlotte Blackwood était sensé être une pure bombe sexuelle (prof d’aérobic !), nommée Kirsten Lingstrom. Le chef de la Paramount (qui était alors une femme) refusa d’autoriser la réalisation du projet si le personnage n’était pas nantie d’un intellect supérieur. Cela permit également à Charlie d’avoir une raison de traîner au sein de la base. [Source: High Concept: Don Simpson and the Culture of Excess]

Patrick Juvet s’écrierait : « Où sont les femmes ? ». Dans ce film, les personnages féminins manquent cruellement de relief et ne semblent servir qu’à alimenter certains fantasmes masculins :

Extrait
« Maverick -Et même toi Goose, tu trouverais à fourrer dans un coin pareil !
Goose -Je veux mon neveu, trouve m’en une qui fasse sa chienne au lit et j’démarre. »

Ces pilotes au sang chaud jouent donc à la guéguerre comme des mômes, portent des blousons en cuir de blaireaux, se font des crasses comme des bambins, ont des cous de taureaux et prennent leurs douches ensemble en faisant preuve d’une camaraderie bien virile… La défense de la patrie y est des plus touchantes.
Mais attention, ce sont des sportifs ! La scène du match de volley – où les pilotes ont le corps luisant de sueur, telle une procession de jeunes éphèbes de la Grèce antique – pourrait être aussi culte que le calendrier des dieux du Stade…

Par contre, les courses-poursuites en avion ne m’ont fait aucun effet : je ne suis pas un mec, je n’ai jamais rêvé d’être pilote de chasse…
Les ballades de la cylindrée de Tom Cruise, pilotant cheveux et Ray-Ban au vent, dans la ville des Bisounours (la base Top Gun avec ses jolies maisons au gazon taillé au millimètre près) ne
m’ont pas non plus fait triper…

Ce film n’obtiendra que des récompenses musicales… notamment pour la chanson guimauve qui retentit un certain nombre de fois au cours du film : « Take my breath away », appartenant au Top Ten – après « Still Loving You » de Scorpions – de l’emballage lors des boums teenage de notre époque… Ah, la grande époque de la musique synthétique mélangée à la pop années 80 !

Côté critiques, l’interprétation de Tarentino reste la plus intéressante : Top Gun « serait un grand film homosexuel qui s’ignore, auquel il ne manquerait, pour être à l’armée de l’air ce que « Querelle » fut à la marine, que quelques éphèbes-mécaniciens aux muscles tâchés de cambouis. »


Personnellement, je trouve que l’uniforme blanc de gala de l’US Air Force fait furieusement penser à celui porté par un membre des Village People… mais bon, je ne suis pas spécialiste du film gay.

Une scène d’anthologie, s’il fallait n’en retenir qu’une : Maverick, dépité après la mort de Goose, à demi-nu en slip kangourou qui lui remonte jusqu’au milieu du bide dans les vestiaires de la base… Son chef, qui vient lui remonter le moral, lui tapote gentiment dans le dos… Trop sexy !



Quelques répliques cultes qui seront du meilleur effet lors d’un dîner en ville :
– « Maverick, bête de sexe, fais-moi l’amour ou je ne réponds plus de mon corps »
– «Foutez la merde rien que d’un poil et je vous affecte sur un avion de fret pour nous ramener des crottes de chiens made in Hong-Kong !»

En bref, du grand cinéma d’auteur, avec un jeu d’acteurs à vous couper le souffle : un film qui vole bas , très bas… Je ne comprends toujours pas pourquoi la gente masculine regarde ce film avec un respect teinté de nostalgie.

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